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L’art contemporain n’est pas un marché comme les autres

sculpture Jeff Koons

Je vous invite à écouter la très bonne émission de radio sur France Culture diffusée le 22 mai dernier. Le marché de l’art contemporain suscite mille questions, car la partie visible de ce marché montre les résultats de vente aux enchères aux sommes pharaoniques. L’émission montre qu’il y a, en réalité, deux marchés de l’art contemporain : un marché star et un marché plus “classique”.

Le marché star

L’émission indique dès l’introduction “qu’un tiers des galeries tire la moitié de leur chiffre d’art annuel des ventes qu’elles font avec leur cinq plus gros clients seulement“.

Je retiens qu’une poignée de collectionneurs mènent l’ensemble de ce marché. Leur goût est uniformisé, les grands évènements de type “Art Basel” favorisant des actions grégaires plutôt que des coups de cœur personnels. Ces grands collectionneurs vont miser sur des artistes et investir des sommes importantes. Ils épient également les achats de leurs homologues, allant dans une course en avant pour acheter l’œuvre la plus chère. La plupart de ces achats sont publics (foires, ventes aux enchères), les montants relèvent de l’investissement voire de la spéculation quant au prix à valoir de ces œuvres dans le futur.

Ensuite les musées viennent avaliser ces choix en organisant des expositions sur ces artistes phares. De telles expositions peuvent d’ailleurs être soutenues par ces mêmes collectionneurs.

Citons dans cette dynamique, le célèbre Jeff Koons, “l’artiste favori du financier et escroc américain Bernard Madoff” (source Wikipédia), dont les ventes aux enchères atteignent des records. Le Centre Pompidou lui a organisé une retrospective fin 2014-début 2015.

Mais selon l’émission, cette bulle artistico-financière est un épiphénomène.

Le marché classique

Le marché “classique” représente l’immense majorité des artistes d’aujourd’hui. Il y a tous les intermédiaires jusqu’au marché star, sans franche limite.

Je rapporte la démarche d’un galeriste sur la manière dont les artistes débutants peuvent/doivent fixer leur prix : “- Combien voulez-vous gagner mensuellement? – 3000 Euros. – Combien de tableaux peignez-vous par mois? – 10. – Alors fixez le prix de vos tableaux à 300 Euros.” Evidemment, c’est simpliste, mais l’idée est de partir de choses raisonnables, basée sur la valeur du travail, sur la nécessité de gagner sa vie en tant qu’artiste, sans tomber dans l’excès que renvoie le marché star. L’émission montre des artistes qui doivent multiplier les galeries, les expositions pour gagner leur vie. Il est question également du rôle des FRAC, qui “perturbent” le marché de l’art français.

Un marché à part

En conclusion, le marché de l’art est un marché à part. Il comporte des particularités indéniables : fiscalité, spectre de l’argent facile. Mais il s’agit aussi d’un marché complexe aux acteurs multiples : les intermédiaires jouent un rôle non négligeable entre les producteurs et les consommateurs. On voit également que le vocabulaire est différent. Effectivement, l’art vend des produits uniques et surtout, il touche au subjectif. C’est pour cela qu’il apparaît si étrange à ceux qui n’en maîtrisent pas les codes.

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